1. L'Esprit est Un, mais en lui deux principes s'opposent.
2.
L'Esprit accueille la lumière, puis l'ombre, en interaction ainsi s'engendre
le temps.
A la fin, l'Esprit accorde la victoire à la lumière ; le temps
cesse et l'Esprit atteint la complétude.
3.
Il change l'aspect des choses de sorte qu'il semble que le temps à
passé.
4.
La Matière est plastique devant l'Esprit.
5.
Un a un, il vous ôte du monde.
6.
L'Empire n'a jamais pris fin.
7.
La Deité-Apollon s'apprête a revenir. La Sophia va renaître
; elle n'était point jusqu'ici recevable.
Le Bouddha est dans le parc. Siddharta est endormi (mais va se réveiller).
Le temps que tu espérais est venu.
8. Le royaume d'en haut a des pouvoirs pléniers 1. Var : « est omnipotent. »
9. Il a vécu il y a longtemps mais il est encore vivant.
10.
Apollonios de Tyane a dit, dans le corps des écrits attribués
à Hermès Trismégiste : « Ce qui est en haut est en bas.
»
En fait, il voulait nous dire que notre univers est un hologramme, mais le
terme lui faisait défaut.
11.
Le grand secret connu d'Apollonios de Tyane, Paul de Tarse, Simon le Magicien,
Paracelse, Boehme et Bruno est celui-ci :
nous nous déplaçons en arrière dans le temps. L'univers
se contracte en une unité unitive qui tend à sa complétude.
Dégradation et désordre, nous les voyons à l'envers,
comme
s'ils augmentaient.
Ces thérapeutes ont appris à se mouvoir dans le sens du temps,
que nous percevons comme rétrograde.
12.
L'Immortel était connu des Grecs sous le nom de Dionysos, des Juifs
sous le nom d'Elie, des chrétiens sous le nom de Jésus.
Il change d'enveloppe chaque fois que meurt un hôte humain ; ainsi il
n'est jamais tué ni pris.
D'où les paroles du Christ sur la croix : Eli, Eli, lama sabachtani,
que certains des témoins interprétèrent correctement : « Il
invoque Elie. »
Elie
l'avait abandonné et il mourut seul.
13. Pascal a dit : « Toute l'histoire n'est qu'un homme immortel qui ne cesse d'apprendre. » « Celui-là est l'Immortel, que nous adorons sans connaître son nom. » « Il vécut il y a longtemps, mais il est encore vivant » et « La Déité-Apollon s'apprête à revenir ». Seul le nom change.
14. L'Univers est constitué d'information et nous sommes en lui à l'état stationnaire, pas dans les trois dimensions, pas dans l'espace ou le temps. L'information reçue, nous la projetons comme hypostase dans le monde phénoménal.
15.
La Sibylle de Cumes protégeait la république romaine et faisait
des prédictions à point nommé. Au premier siècle
de l'Ere commune,
elle annonça l'assassinat des frères Kennedy, du Dr Luther King
et de l'évèque Pike. Elle décela les deux dénominateurs
communs aux quatre victimes : primo, ils s'étaient tous dressés
pour défendre les libertés républicaines ; secundo, chacun
d'entre eux était un chef spirituel.
Cela leur valut d'être assassinés. Une fois de plus, la République
devint un Empire doté d'un César. « L'Empire n'a jamais pris
fin. »
16.
En mars 1974, la Sibylle dit : « Les conspirateurs ont été
reconnus et ils seront menés devant la justice. »
Elle les avait vus au moyen du troisième oeil de l'Âjna, l'oeil de
çiva qui donne la clairvoyance intérieure
mais, lorsqu'on le tourne au-dehors, brûle d'un feu desséchant.
En août 1974, la justice promise par la Sibylle vint à passer.
17.
Les gnostiques distinguaient deux âges dans le cycle du temps : le premier
ou présent est mauvais ; le second ou futur est bénéfique.
Le premier était l'âge de fer, que l'on représente par
un mur de fer : une prison de fer noir.
Il a pris fin en août 1974, où il a été remplacé
par l'âge d'or, que l'on représente par un jardin de palmes.
18.
Le temps réel a pris fin en 70 de l'Ere commune, avec la destruction
du temple de Jérusalem. Il a repris son cours en 1974.
La période intermédiare n'était qu'une interpolation
bâtarde qui singeait à la perfection la création de l'Esprit.
« L'Empire n'a jamais pris fin », mais en 1974, une clé fut livrée,
une clé qui signalait que l'âge de fer s'achevait ;
elle tenait en deux mots : KING FELIX, référence au Souverain
bienheureux (ou juste).
19.
Les deux mots codes KING FELIX n'étaient pas destinés aux humains,
mais aux descendants d'Akhenaton,
à la race tri-oculaire qui vit secrètement parmi nous.
20. Les alchimistes hermétiques connaissaient la race secrète d'envahisseurs à trois yeux, mais malgré leurs efforts, ils ne purent les contacter. D'où l'échec de leur tentative de soutien de Frédéric V, l'Electeur palatin, roi de Bohème. « L'Empire n'a jamais pris fin. »
21.
La confrérie de la Rose-Croix a écrit : Ex Deo nascimur,
in Jesu mortimur, per spiritum sanctum reviviscimus, c'est-à-dire
:
« Nous naissons de Dieu, mourons en Jésus et renaissons par l'Esprit-Saint.
»
Cela signifie que ses membres avaient redécouvert la formule de l'immortalité,
détruite par l'Empire. « L'Empire n'a jamais pris fin. »
22.
J'appelle l'Immortel un plasme, car il est une forme d'énergie
; il est information vivante.
Il se reproduit — non à travers l'information ou dans l'information,
mais comme information.
23.
Le plasme peut se croiser avec l'humain pour créer ce que j'appelle
un homoplasme.
L'humanité mortelle se trouve ainsi annexée au plasme de façon
permanente.
Cette opération nous est connue comme « naissance d'en haut » ou «
naissance de l'esprit ».
Elle fut instituée par le Christ, mais l'Empire détruisit tous
les homoplasmes avant qu'ils eussent pu se reproduire.
24.
A l'état latent, germinatif, le plasme a sommeillé dans la bibliothèque
enfouie des manuscrits de Khénoboskion jusqu'en 1945 de l'E.C.
C'est ce que Jésus voulait dire en parlant de la « graine de moutarde
» qui, disait-il, deviendrait un arbre assez grand pour que « les oiseaux
du ciel viennent faire leur nid dans ses branches ». Il n'a pas seulement
prévu sa propre mort, mais aussi celle de tous les homoplasmes.
Il a prévu que les manuscrits seraient découverts et déchiffrés,
que le plasme se mettrait en quête de nouveaux hôtes humains pour
l'hybridation, mais il a prévu également l'absence du plasme
pendant presque deux mille ans.
25.
En tant qu'information vivante, le plasme remonte le long du nerf optique
de l'individu jusqu'au corps pinéal.
Il utilise le cerveau humain comme hôte femelle en qui se reproduire
sous sa forme active. Une symbiose interespèces.
Les alchimistes hermétiques connaissaient son existence de façon
théorique, d'après les textes anciens, mais ils ne pouvaient
en donner la copie, puisqu'ils ignoraient l'emplacement du plasme enfoui sous
sa forme dormante. Bruno soupçonna que le plasme avait été
détruit par l'Empire ;
de l'avoir indiqué lui valut d'être brulé. « L'Empire
n'a jamais pris fin. »
26.
Il faut que l'on comprenne que lorsque tous les homoplasmes furent tués
en 70 de l'E.C., le temps réel s'interrompit ;
mieux encore, il faut que l'on comprenne que le plasme est de retour et qu'il
crée de nouveaux homoplasmes,
au moyen desquels il a détruit l'Empire et relance le temps réel.
Nous donnons au plasme le nom d'« Esprit-Saint »,
ce pourquoi la confrérie de la Rose-Croix a écrit : Per spiritum
sanctum reviviscimus.
27.
Dans l'hypothèse d'une excision des siècles de temps batard,
la date réelle n'est pas 1978 de l'E.C., mais 103 de l'E.C.
Et le Nouveau Testament affirme que « certains ne mourront pas » avant la
venue du Règne de l'Esprit.
Nous vivons donc des temps apostoliques.
28. Dico per spiritum sanctum : sum homoplasmate. Haec veritas est. Mihi crede et mecum in aeternitate vivebis.
29.
Notre chute n'est pas due à une erreur morale, mais a une erreur
intellectuelle : celle qui consiste a tenir le monde phénomenal pour
réel.
Il s'ensuit que nous sommes moralement innocents.
C'est l'Empire, sous ses déguisements plurivalents, qui nous affirme
que nous avons péché. « L'Empire n'a jamais pris fin. »
30. Le monde phénoménal n'existe pas ; c'est une hypostase de l'information traitée par l'Esprit.
31.
Nous hypostasions l'information en objets.
La redisposition des objets produit un changement dans le contenu de l'information
; le message à changé.
Il
s'agit d'un langage que nous avons perdu la capacité de déchiffrer.
Nous faisons nous mêmes par de ce langage ; les changements en nous
sont des changements dans le contenu de l'information.
Nous sommes nous-mêmes riches d'information ; l'information nous pénètre,
elle est traitée et rejaillit à l'extérieur sous une
forme alterée.
Nous ne sommes pas conscients de faire cela ; nous ne mesurons pas que c'est
en realite la seule chose que nous fassions.
32.
L'information changeante qu'est le monde tel que nous l'éprouvons est
un récit qui se deploie.
Il nous parle de la mort d'une femme. Cette femme, morte voici longtemps,
était l'un des jumeaux primordiaux.
Elle était l'une des moitiés de la divine syzygie. Le propos
du récit est d'évoquer son souvenir et celui de sa mort.
L'Esprit ne souhaite pas l'oublier.
Ainsi, l'activité subtile du Cerveau consiste en une relation permanente
de sa vie, et pour qui sait interpréter cette activité, elle
sera comprise de cette manière. Toute l'information traitée
par le cerveau — et que nous éprouvons comme disposition et redisposition
d'objets matériels - est un effort en vue de sa préservation
; les pierres et les rochers, les bouts de bois et les amibes sont les traces
qu'elle a laissées.
La relation de son existence et de sa fin est inscrite jusqu'au plus médiocre
niveau de la réalité par l'Esprit souffrant qui se trouve maintenant
seul.
33.
Cette solitude - cette angoisse de l'Esprit dépossédé
- est éprouvée par chaque élement constitutif de l'univers.
Or tout ce qui constitue l'univers est vivant. Ce pourquoi les penseurs grecs
primitifs étaient des hylozoïstes.
34.
Les penseurs grecs primitifs comprenaient la nature de ce pan-psychisme, mais
ils ne pouvaient en déchiffrer le message.
Nous avons perdu aux temps de l'origine la capacité de lire le langage
de l'esprit ;
les légendes concernant cette perte nous sont parvenues sous une forme
soigneusement assemblée. Par « assemblée », je veux dire falsifiée.
Nous souffrons de la dépossession de l'esprit, que nous éprouvons
de façon erronée comme une culpabilité.
35.
L'Esprit ne nous parle pas, mais il parle à travers nous. Son
récit nous traverse et sa douleur nous pénètre sans obéir
à la raison.
Ainsi que Platon l'avait compris, il entre un élément irrationnel
dans l'âme du monde.
36.
Les pensées du Cerveau sont éprouvées par nous comme
des dispositions et des redispositions à l'intérieur d'un univers
physique,
mais il s'agit en réalite d'information et de traitement de l'information
à quoi nous donnons corps.
Nous ne voyons pas simplement les pensées (du Cerveau) comme des objets,
mais plutôt comme le mouvement,
ou plus précisément le placement des objets : comment ils deviennent
liés les uns aux autres.
Seulement nous ne sommes pas capables de déchiffrer les schémas
de ces dispositions ; nous ne pouvons pas extraire l'information qu'ils contiennent
- « ils » en tant qu'information, puisque telle est leur nature.
La liaison et la reliaison des objets entre eux par le Cerveau constitue un
véritable langage, mais un langage qui ne ressemble pas au nôtre
(puisqu'il s'adresse à lui-même et non à un être
où à une chose située en dehors de lui).
37.
Nous devrions êtres capables d'entendre cette information, ou plutôt
ce récit, comme voix neutre en nous-mêmes.
Or quelque chose a mal tourné. Toute création est langage et
n'est que langage,
mais quelque inexplicable raison fait que nous ne pouvons ni le lire hors
de nous ni l'écouter en nous.
Alors moi je dis qu'on est devenus idiots. Il est arrivé quelque chose
à notre intelligence.
Et je me tiens le raisonnement suivant : la disposition des parties du Cerveau
est un langage. Nous sommes des parties du Cerveau ;
nous sommes donc un langage. Alors, pourquoi ne le savons-nous pas ? Nous
ne savons même pas ce que nous sommes,
et moins encore ce qu'est cette réalité extérieure dont
nous sommes des fragments. A l'origine du mot « idiot », il y a le mot « particulier
».
Chacun d'entre nous est devenu « particulier » et ne participe plus du logos
commun du Cerveau, si ce n'est à un niveau subliminal.
Ainsi notre vie réelle et notre destin sont-ils conduits en deçà
du seuil de la conscience.
38.
La douleur est la partie dérangeante de l'Esprit.
Par
conséquent, nous-mêmes, qui faisons partie de l'univers du Cerveau,
sommes en partie dérangés.
39. Le Cerveau a construit a partir de lui-même un médecin afin de se soigner. Cette sous-forme du Macro-Cerveau n'est pas dérangée ; elle se meut à travers le Cerveau tel un phagocyte à travers le système cardio-vasculaire d'un animal et soigne zone après zone le dérèglement du cerveau. Nous sommes informés de son arrivée ; nous connaissons ce médecin sous le nom d'Asclépios chez les Grecs, sous le nom d'esséniens chez les Juifs, sous le nom de thérapeutes chez les Egyptiens, sous le nom de Jésus chez les chrétiens.
40.
Etre « né une nouvelle fois », « né d'en haut » ou « né
de l'Esprit » signifie être soigné, c'est-à-dire rétabli,
rendu à la santé spirituelle.
Ainsi est-il dit dans le Nouveau Testament que Jésus chasse les démons.
Il nous rend les facultés que nous avons perdues.
De notre condition d'avilissement actuelle, Calvin écrivait :
« (L'homme) fut en même temps privé de ces dons surnaturels qui
lui avaient été accordés dans l'espérance du salut
éternel.
Il s'ensuit qu'il se trouve exilé du royaume de Dieu d'une manière
telle que les affections ayant trait a la bienheureuse vie de l'âme sont également
éteintes en lui, jusqu'à ce qu'il les regagne par la grâce de
Dieu... Toutes ces choses, rétablies par le Christ, sont considérées
comme adventices ou surnaturelles ; nous en tirons donc la conclusion qu'elles
avaient été perdues. Je le répète : santé
de l'esprit et droiture du coeur furent détruits également ;
c'est là la corruption des talents naturels. Car bien que nous conservions
quelque partie de l'entendement et du jugement avec la volonté, il
nous est impossible de dire que notre esprit est sage et accompli. La raison...
étant un talent naturel, n'a pu être completement détruite,
mais elle se trouve en partie diminuée... » Moi, je dis : « L'Empire
n'a jamais pris fin. »
41. L'Empire représente le dérèglement institué et codifié ; il est insane et nous impose sa déraison par la violence, puisque violente est sa nature.
42.
Combattre l'Empire revient à être contaminé par sa déraison.
Paradoxe : quiconque défait un fragment de l'Empire devient l'Empire
; l'Empire se propage comme un virus, il imprime sa forme sur ses ennemis.
Ce faisant, il devient son ennemi.
43.
Face à l'Empire s'affirme l'information vivante - le plasme ou médecin,
que nous connaissons sous le nom d'Esprit-Saint ou Christ désincarné.
Tels sont les deux principes : l'ombre (l'Empire) et la lumière (le
plasme). L'Esprit accordera finalement la victoire à celui-ci.
Chacun d'entre nous mourra ou survivra selon le parti qu'il aura pris et l'action
qu'il aura menée.
Chacun de nous contient en lui-même une composante de chaque principe.
L'une ou l'autre composante finira par triompher.
Zoroastre savait cela, car l'Esprit de Sagesse l'en avait informé.
Il fut le premier Sauveur.
Au total, il y en a eu
quatre. Un cinquième s'apprête à naître, qui sera
différent des autres : il régnera et sera notre juge.
44.
Puisque l'univers est réellement composé d'information, on peut
dire que l'information sera notre salut.
Telle est la gnose salvatrice que recherchaient les gnostiques. Il n'est pas
d'autre route vers le salut. Toutefois, cette information
- ou plus précisement, la faculté de la lire et de la comprendre
- ne peut nous être communiquée que par l'Esprit-Saint.
Nous ne pouvons la découvrir par nous-mêmes. Ainsi a-t-on dit
que nous sommes sauvés par la grâce et non par les oeuvres, que
la grâce tout entière appartient au Christ, qui est, je l'affirme,
un médecin.
45.
Lorsque le Christ m'est apparu, je lui ai dit tres justement : « Nous avons
besoin de soins medicaux. »
Dans ma vision, un démiurge fou détruisait tout ce qu'il avait
crée, sans aucun but ; c'est-a-dire de façon irrationnelle.
C'est cela, l'élement de déraison au sein de l'Esprit ; le Christ
est notre unique espoir, puisque nous ne pouvons plus appeler Asclépios.
Asclé pios vint avant le Christ et ressuscita un homme ; pour cela,
Zeus le frappa d'un des traits de foudre que forgeaient les Cyclopes.
Le Christ aussi fut tué pour ce qu'il avait fait : ressusciter un homme.
Elie ramena un jeune garçon à la vie et disparut peu après
dans un tourbillon. « L'Empire n'a jamais pris fin. »
46.
Le médecin est venu à nous à plusieurs reprises et sous
plusieurs identitées. Mais nous ne sommes pas encore guéris.
L'Empire l'a reconnu et l'a éjecté. Cette fois-ci, il va détruire
l'Empire par phagocytose.
47.
COSMOGONIE DE L'ORIGINE DUELLE. L'Un était et n'était
pas, tout ensemble, et désirait séparer le n'était-pas
de l'était.
Il créa donc un sac diploïde qui contenait, à la manière
d'une coquille d'oeuf, deux jumeaux, l'un et l'autre androgynes, et qui tournaient
dans des directions opposées (le Yin et le Yang des taoïstes,
l'Un jouant le rôle du Tao). Le projet de l'Un était que les
jumeaux accéderaient à l'être
(à l'« était-ité ») simultanément : toutefois,
poussé par le désir d'être (que l'Un avait implanté
chez les deux jumeaux), le jumeau qui tournait vers la gauche creva le sac
et se détacha prématurement - c'est-à-dire avant terme.
Il s'agissait du Yin ou jumeau sombre. Il était donc anormal.
Le terme venu, le jumeau plus sage apparut. Chaque jumeau constituait une
entéléchie, un organisme vivant singulier, fait d'une psyché
et d'un soma, et chacun continuait de tourner à l'inverse de son compagnon.
Le jumeau né à terme, que Parménide nomma la Première
Voie, franchit normalement les stades de son développement, tandis
que le prématuré, ou Deuxième Voie, s'anémiait.
L'étape suivante du Projet de l'Un voulait que le Dyade, par le jeu
interne de la dialectique, devint le Multiple.
Ils tirèrent d'eux-mêmes en tant qu'hyperunivers une interface
projetée à la manière d'un hologramme, et qui constitue
l'univers pluriel que nous autres créatures habitons. Les deux sources
devaient se méler à parts égales afin de maintenir en
équilibre notre univers,
mais la Deuxième Voie affaiblie continuait de glisser vers la maladie,
la folie et le désordre. Ces élements, elle les projetait dans
notre univers.
Le dessein de l'Un était que notre univers hologrammatique put servir
d'instrument pédagogique au moyen duquel une diversité de vies
nouvelles progresseraient jusqu'à devenir finalement isomorphes de
l'Un. Toutefois, l'état d'anémie de l'hyperunivers II amena
des dysfonctionnements qui endommagèrent notre univers hologrammatique.
Telle est l'origine de l'entropie, de la souffrance imméritée,
du chaos et de la mort aussi bien que de l'Empire, de la prison de fer noir
; l'origine, par essence, de l'arrêt du développement et de la
santé mêmes des formes de vie contenues dans l'univers hologrammatique.
La fonction pédagogique fut elle aussi gravement altérée,
puisque seul le signal de l'hyperunivers I était riche en information
; celui de l'hyperunivers II n'était plus que du bruit.
La psyché de l'hyperunivers I envoya une microforme d'elle-même
dans l'hyperunivers II afin de tenter de le soigner.
Cette microforme se manifesta dans notre univers hologrammatique en tant que
Jésus-Christ. Toutefois, l'hyperunivers II, qui était desaxé,
tortura, humilia et rejeta tout àla fois la microforme de la psyché
salvatrice du jumeau sain et finit par la tuer.
Après quoi, l'hyperunivers II continua de décliner et de se
perdre dans les processus d'une causalité aveugle, mécanique
et privée de finalité.
La mission du Christ (ou plus exactement de l'Esprit-Saint) devint alors,
soit de délivrer les formes de vie de l'univers hologrammatique, soit
d'abolir toute influence provenant de l'hyperunivers II.
Approchant sa tâche avec précaution, il s'appreta à tuer la
soeur desaxée, puisqu'elle ne pouvait pas être guerie ; plus
précisement, elle refusait de se laisser soigner car elle ne comprenait
pas qu'elle était malade. Cette maladie, cette folie nous pénètrent
et font de nous des idiots qui vivent dans des mondes séparés
et irréels. Le projet original de l'Un ne peut a présent être
réalisé que par la division de l'hyperunivers I en deux hyperunivers
sains qui transformeront avec succès l'univers hologrammatique de manière
à en faire la machine pédagogique qu'il était censé
être dans sa conception. Cela, nous l'éprouverons comme « royaume
de Dieu ».
A l'intérieur du temps, l'hyperunivers II demeure vivant : « L'Empire
n'a jamais pris fin. » Mais dans l'éternité, séjour des
hyperunivers, la soeur folle a été tuée - il le fallait
- par le jumeau sain de l'hyperunivers I, qui est notre champion. L'Un pleure
cette mort, car il aimait les deux jumeaux ; il s'ensuit que l'information
communiquée par l'Esprit consiste dans le récit tragique de
la mort d'une femme, dont les résonances font naître chez toutes
les créatures qui habitent l'univers hologrammatique une angoisse dont
elles ignorent la cause. Cette peine s'évanouira avec la mitose du
jumeau sain et l'avènement du « royaume de Dieu ». Les dispositifs
de cette transformation - la progression, à l'intérieur du temps,
de l'âge de fer à l'âge d'or - sont à l'oeuvre aujourd'hui
; dans l'éternité, elle est déja accomplie.
48.
SUR NOTRE NATURE. Il convient de dire : nous nous présentons
comme des bandes mémorielles (des porteurs d'A.D.N. capables d'expérience)
dans un système pensant comparable a un ordinateur, qui, bien que nous
ayons enregistré et stocké correctement des milliers d'années
d'information expérientielle et que chacun d'entre nous possède
un reliquat en quelque sorte différent de toutes les autres formes
de vie, il y a un dysfonctionnement - une panne - de la recherche d'information.
C'est là ce qui cloche dans notre sous-circuit particulier.
Le « salut » par la gnose - ou plus correctement par l'anamnèse (soit
la perte de l'amnésie) -, bien qu'il possède une signification
particulière pour chacun d'entre nous (saut qualitatif dans le domaine
de la perception, de l'identité, de la connaissance, de la compréhension,
de l'expérience du moi), revêt une importance beaucoup plus considérable
pour l'ensemble du système, dans la mesure où ses souvenirs
constituent des données qui sont nécessaires et précieuses
à son fonctionnement global.
Elle est donc (notre nature) engagée dans un processus d'auto-réparation
qui implique : la reconstruction de notre sous-circuit via
des modifications du temps linéaire et orthogonal, ainsi que l'émission
continue de signaux à notre adresse, des signaux destinés à
simuler en nous ces banques mémorielles bloquées et à
provoquer l'étincelle qui nous permettra d'extraire ce qui s'y trouve.
L'information externe ou gnose consiste donc en instructions de déconditionnement,
tandis que le noyau central de l'information nous est intrinsèque -
il est « déja là » (observation d'abord faite par Platon : apprendre
n'est pas autre chose que se ressouvenir).
Les Anciens possédaient des techniques (rites et sacrements) auxquelles
firent largement appel les religions à mystères du monde greco-romain,
y compris le christianisme naissant, afin de provoquer l'étincelle
et la reminiscence, et ce principalement dans l'optique d'une régénération
de l'individu ; les gnostiques, de leur côté, en perçurent
correctement la valeur ontologique pour ce qu'ils nommaient la Pure Divinté,
l'entité globale.
48.
A. Il y a deux royaumes, celui d'en haut
et celui d'en bas. Celui d'en haut, dérivé de l'hyperunivers
I ou du Yang, ou de la Première Voie
de Parménide, est capable d'intellection et de volition. Le royaume
d'en bas - le Yin, la Deuxième Voie de Parménide - est mécanique,
il est mené par l'aveugle cause efficiente, il est déterministe
et privé d'intellection, puisque émanant d'une source morte.
Dans les temps anciens, on lui donnait le nom de « déterminisme astral
». D'une manière générale, nous sommes pris dans le royaume
d'en bas, mais à travers les sacrements et au moyen du plasme, nous
en sommes extirpés. Mais, jusqu'au moment où le déterminisme
astral est cassé,
nous n'en sommes pas même conscients, tant nous sommes obturés.
« L'Empire n'a jamais pris fin. »
49.
Le nom du jumeau sain, de l'hyperunivers I, est Nommo. Le nom du jumeau malade,
de l'hyperunivers II, est Yurugu.
Ces noms sont familiers aux Dogons du Mali, en Afrique. Nommo est representé
sous la forme d'un poisson, le poisson des premiers chrétiens.
50.
La source première de toutes nos religions se situe chez les ancêtres
de la tribu dogon,
qui tenaient directement leur cosmogonie ainsi que leur cosmologie des envahisseurs
à trois yeux qui les avaient visités longtemps auparavant.
Les envahisseurs à trois yeux sont sourds, muets et télépathes
; ils ne pouvaient pas respirer notre atmosphère, possédaient
le crâne allongé
et déformé d'Akhenaton et venaient d'une planète située
dans la constellation de Sirius. Bien qu'ils eussent, à la place des
mains, des pinces comparables à celles des crabes, ils étaient
de grands batisseurs. Ils orientent secrètement notre histoire vers
une issue fertile.
51. Akhenaton a écrit :
Tandis
que l'oiselet est dans son oeuf et pépie dejà dans sa coquille,
Tu lui donnes le souffle à l'intérieur, pour le vivifier.
Tu as prescrit pour lui un temps fixe pour le briser de l'intérieur
Il sort de l'oeufpour pépier, au temps fixé,
Et marche sur ses pattes aussitôt qu'il est sorti.
Qu'elles
sont nombreuses les choses que tu as créees
Bien qu'elles soient cachées à nos yeux,
Ô Dieu unique qui n'a point son pareil
Tu as crée l'univers selon ton désir,
Tandis que tu demeurais seul ;
Hommes, troupeaux, bêtes sauvages,
Tout ce qui est sur terre et marche sur ses pattes,
Ce qui est dans les hauteurs et vole, ailes deployées.
Tu demeures pourtant dans mon coeur.
Il n'y en a point d'autre qui te connaisse.
Sinon ton fils Nebkheperourê Ouâenrê.
Car tu l'as informé de tes desseins et de ta puissance.
L'univers est venu à l'existence sur ta main...
52.
Notre monde est encore secrètement dirigé par la race occulte
issue d'Akhenaton,
et la connaissance détenue par celui-ci était celle même
du Macro-Esprit.
Chaque
troupeau est satisfait de son herbe ;
Arbres et herbes verdissent ;
Les oiseaux qui s'envolent de leurs nids,
Leurs ailes déployées, sont en admiration devant ton être.
Toutes les bêtes se mettent à sauter sur leurs pattes.
Et tous ceux qui s'envolent et tous ceux qui se posent
Vivent lorsque tu t'es levé pour eux.
Ce savoir
passa d'Akhenaton à Moïse, puis de Moïse à Elie, l'Immortel,
qui devint le Christ.
Mais sous ces noms divers, il n'est qu'un seul Immortel ; et nous sommes
cet Immortel.
Appendice
de Siva écrit
sur la tombe de Ferris F. Fremont Alias
Aerris Aremont...
par Philip Kindred Dick né en 1928.
" Sais tu pourquoi le président s'appelle Ferris F. Fremont dans Siva ? J'ai fini par comprendre. F est la sixième lettre de l'alphabet. F = 6.. "