Soleil et chair [extrait]


-Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser !!!

O l'homme a relevé sa tête libre et fière !
Et le rayon soudain de la beauté première
Fait palpiter le dieu dans l'autel de la chair !
Heureux du bien présent, pâle du mal souffert,
L'homme veut tout sonder, -et savoir ! La pensée,
La cavale longtemps, si longtemps oppressée
S'élance de son front ! Elle saura Pourquoi !
Qu'elle bondisse libre, et l'Homme aura la Foi !
_Pourquoi l'azur muet et l'espace insondable ?
Pourquoi les astres d'or fourmillant comme un sable ?
Si l'on montait toujours, que verrait-on là-haut ?
Un Pasteur mène-t-il cet immense troupeau
De mondes cheminant dans l'horreur de l'espace ?
Et tous ces mondes-là que l'éther vaste embrasse,
Vibrent-ils aux accents d'une éternelle voix ?
_ Et l'Homme, peut-il voir ? peut-il dire : Je crois ?
La voix de la pensée est-elle plus qu'un rêve ?
Si l'homme naît si tôt, si la vie est si brève,
D'où vient-il ? Sombre-t-il dans l'océan profond
Des germes, des Foetus, des Embryons, au fond
De l'immense Creuset d'où la Mère Nature
Le ressuscitera, vivante créature,
Pour aimer dans la rose et croître dans les blés ?...
Nous ne pouvons savoir ! - Nous sommes accablés
D'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères !
Singes d'hommes tombés de la vulve des mères
Notre pâle raison nous cache l'infini !
Nous voulons regarder : - le Doute nous punit !
Le Doute : morne oiseau, nous frappe de son aile...
_Et l'horizon s'enfuit d'une fuite éternelle !...

Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts
Devant l'Homme, debout, qui croise ses bras forts
Dans l'immense splendeur de la riche nature !
Il chante... et le bois chante, et le fleuve murmure
Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !...
_C'est la Rédemption ! c'est l'amour ! c'est l'amour !...