Pas besoin de présenter Claude Pélieu, une de ces comètes, qui a traversé le ciel de la Beat Generation sans que le grand public y voit autre chose que du feu.




Un extrait de son JUKEBOXES le fera mieux que moi :



...

je suis la vague de désillusions qui gronde

je suis ce cadavre rebaptisé par le Zombie en soutane

je suis encore chaud & je ressemble aux vivants comme 2 gouttes d'eau

je suis Beau Sourire Chambre d'Echo

je suis l'Errant j'erre de galaxie en galaxie et je traîne ma carcasse puante comme un fiacre de poussière

je suis les mâchoires féroces d'une écriture qui enraye le désastre

je suis près de la Zone Noire Oxydée

je suis les racines rouges du ciel

je
...



New York _ 69-70.


Les Oiseaux ne chantent plus... oreilles radaes des naufragés répandent les bruits givrés _ les ondes écumantes du Kapitalisme ont été plus avides que les boyasses des dieux morts... & les ordinateurs nous ont imposé des termes uniques dans toutes les langues _ & la douleur tissa les mots-virus...
Exorcisme...
Quelle Rage!... quelle rage frappant à perdre haleine sur le clavier d'une machine à écrire _ quelle rage dynamitant mes instincts... & quelles faiblesses!...
Les clefs du Printemps sont enfouies sous la neige... la neige vide & noire qui efface les mous & les morts _ Sur la Table Aux Crevés un malade s'adresse aux nuages...
je connais des milliers de poètes... & la Rose des Tropiques se fane sous les voiles de l'effroi pour avoir crié La Liberté ou la Mort!... Printemps perforés par la tristesse & le malheur _ La mort résonne dans les murs de la ville _ les oiseaux ne chantent plus... ce printemps n'annonce rien de bon... cette prétendue magie des mots condamne des millions d'êtres au silence _
Ils sont à genoux dans ces prisons infectes, fixant les horizons blêmes... impuissants, caressant leurs uniformes couleurs de malédiction...
En signe de deuil les gais ciseaux se sont volatilisés _ nous rédigeons des poèmes-affiches _ nous les collons sur les murs de la ville & les afficheurs hurlent dans les rues que la guerre est finie, entre les tessons froids & morts... mais tout cela ne sert à rien... mais ils crient pour vous, étranglés par les eaux lentes ils crient pour la dernière fois...

La rupture du chant fut amorcé par les regards défoliés des fabricants de napalm...
(Napalm, le regard des flammes vous défigurent)
& la charogne insomniaque s'enfonce dans la vulve de l'absence avec les gaz lacrymogènes _ que faire d'une âme ? _ le premier cri de la révolution grandit comme une prophétie dans les forêts turquoises...

La Terre Fleurie.
Tamoancan-Tlalocan.
Xochiltalpan.
Le Paradis Originel.
Au Nord de l'Amérique une pluie d'étincelles
de silence & d'oubli... j'ai parlé de la Rose Cendre & de la Tête Géante Olmèque... des fleurs creuses & du Baron Samedi _ de Celle Qui Avait Une Jupe De Serpents & des Vilains de l'Espace... du Grand Sepent Vert de l'Univers qui se reflète dans chaque bulle _ Les monstres caressent les ombres qui pâlissent... & les dents du brouillard ont teint les écrans des téléviseurs en rose _ le monde ulcère sa propre chimie...

Les pelures de la nuit bavardent, la chair métallique renverse la vapeur & l'angoisse sur le monde déferle.

Les guerres saintes sont immondes, les guerres impérialistes sont immondes, toutes les guerres sont immorales _ qui a camouflé les enseignes au néon de Times Square? _ la Fée Amphétamine ou les ondes fraternelles des tribus Anarchistes _ Je ne sais plus _ La terre fluide fixa le poids de l'aube.

La jungle Sativa dansait dans la Fenêtre Rose.
Le lyrisme des vagues atteignit les dieux morts en plein front.
Devant les grilles électrifiées de l'Usine à Sanglots une anémone se meurt.
Les ondes vivantes courent dans le ciel balisé de mort.
Le ventre étreint la solitude & atomise les yeux.
J'ai dessiné les feuilles qui moisissent au fond de vos bouches.

L'élargissement de la concience efface les bouillonements gris de ce qu'ils osaient nommer pensée.

Un grand merci à Laki Vazakas pour la vidéo, la musique semble être une séquelle de la Nuit de Pan de Parrhesia Sound System.

 


Une autre adaptation musicale de plusieurs autres poèmes de Claude Pélieu cette fois-ci par Twin Realities Dreamers, également disponible en téléchargement gratuit ici https://archive.org/details/DesireSellotapeBside

 

 

Claude Pélieu.