//-->

 

Akka les choses qui dévorent / Grubber things.

 

 

Synopsis long.
Un jeune couple d'Ultra voit émerger dans son quotidien des "grubber things", taches de lumière organiques qui apparaissent, telles des spores sur les murs de leur maison. Moisissure extraterrestre, stigmates d'un autre monde... difficile d'y voir clair. Au début, la curiosité prime, ils ne s'inquiètent pas, puis quand les créatures lumineuses deviennent envahissantes, il est déjà trop tard la maison est cernée...

Synopsis court.
L'émergence du surnaturel dans le quotidien d'un jeune couple anarcho autonome.



TRIPLE SOLEIL


Brain Storming Evening. (Le soir du samedi 23 juin 2012.)



On se croirait sous le ciel immense d'une nuit d'été.
Les étoiles qui scintillent doucement semblent presque à portée de main.
Une allumette craque.

L'allumette est dans la main d'Ivre de joie,
qui donne le feu à une bougie prisonnière d'un verre.
Il est posé au cœur du motif d'une spirale, prise dans un triangle, peinte sur la table.


L'atmosphère entière se met à osciller au gréé de cette source de lumière, un peu comme si le vent soufflait.

Le décor de la pièce est minimaliste. Ils sont tous deux vêtus de noir.
Corentin Doll est appuyé sur la table tournante et se tient la tête d'une main, tandis que de l'autre il fait défiler des pages d'infos sur son portable.

Ivre de joie retourne s'installer sur le pouf.
Elle regarde une ampoule électrique comme si elle cherchait à apercevoir des insectes à l'intérieur. Puis finit par la planter dans un bac à fleurs voisin où il y en a déjà plusieurs.


Ivre de joie n'est pas vraiment avachie, elle arbore plutôt sa décomposition naturelle avec la grâce d'une nymphe.

Entre deux moues mutines, elle tire une bouffée d'une cigarette qui fait rire.


- Tu devrais jeter un œil.

Il affiche plusieurs pages édifiantes dans les onglets de son navigateur.

- J'ai balancé des photos sans mettre trop d'infos dans plusieurs forums spécialisés.
J'ai déjà reçu quelques réponses.

Il tourne la tête vers le pouf, mais elle est déjà derrière lui à guetter pardessus son épaule. Elle est comme ça Ivre de joie : fugitive.

- Surtout sur le forum "on nous cache tout", par contre je sais pas pourquoi le post a été supprimé, pas grave, j'ai pu récupérer les réponses dans le cache de Google.

Alors... Il y a un certain Brage qui nous donne plusieurs conseils, mais rien qu’on n’ait pas déjà essayé : prendre des photos à intervalles réguliers, tenir un évènementiel chronologique, essayer de voir si ça réagit à divers stimulis, etc.

+ Regarde là, Kosmos dit que ce doit être un fake, ça se trouve c'est pour cette raison que les modérateurs l'ont supprimé.

- Peu importe. Le problème, c'est surtout que personne n'a l'air de savoir ce que c'est. Enfin a une exception près, un mec au Canada qui a vu le petit film que j'ai mis sur mon compte Youtube. Il m'a écrit directement pour me dire qu'il avait déjà vu un truc comme ça, mais juste une fois et c'est pas revenu. Il parlait d'un triangle aussi, mais j'ai pas tout compris, il a du utiliser l'outil de traduction Google.

Du coté des recherches sur la toile, en plus de cinq heures de sondage intensif, j'ai quasiment rien trouvé qui corresponde vraiment. J'ai très vite écarté les feux follets, les algues et le lichen phosphorescent qui ne peuvent pas être aussi lumineux. J'ai remonté beaucoup de fausses pistes. Pêle-mêle : Le résumé d'un film sur des espèces de l'époque des fossiles libérés par le bouleversement climatique... Un trip sous champi où le gars voyait des lumières qui lui parlaient, mais le matin ce n'était que des cailloux blancs. Et même une chanson de Gainsbourg !

+ Voilà ce qui arrive quand on perd le fil d'Ariane...

Dans la foulée, elle parvient à se glisser entre lui et l'écran et ils partagent un baiser qui semble durer une éternité.

- J'admets. Plus intéressant, avec une recherche sur "des points lumineux", mais guère probable sur le plancher des vaches, les satellites Us Noss qui voyagent par trois. La disposition des lumières en triangle est comme celles remarquées sur des ovnis dits "de la vague belge", mais ils sont loin d'avoir la même dimension. Ou encore dans la catégorie trop mobile : des formes très rares de la foudre.

+ Tu ne serais pas tenté par une petite parenthèse électrique ?

- ça t'intéresse pas ?

+ Si, si, continue.

- Finalement la chose la plus proche de nos loupiotes ce serait peut être les orbes, un phénomène paranormal d'apparitions inexpliquées de disques lumineux.

On en voit sur cette vidéo, mais c'est assez différent, les nôtres ne bougent pas.

+ ça pourrait être des œufs d'orbes ?

- Des quoi ?


Fondu blanc.


Elle finit par l'entrainer dans une grande parenthèse du genre de celles qui sont irrésistibles.
Un détour dans la chambre de leur amour.
Leurs peaux légèrement bleutées sous la lumière des étoiles du ciel artificiel.
Sa tête à lui plongée dans le havre de ses jambes à elle,
qui entreprend d'éveiller la source du plaisir, qui prend le temps de s'attarder, avant de remonter sur son flanc, vers d'autres réjouissances.



Fondu bleu.


Il reste pensif allongé sur le pieu.
Elle passe une chemise trop grande, rallume le cul de joint.


- Ah oui, j'oubliais ça. Même si ça m’étonnerait qu'on soit seuls à les voir, il y avait une histoire de vision aurique, en fait on serait devenu capable de voir l'énergie...

+ Euh, tu es sérieux ?

- Cancer semble indifférent à leur présence.

+ Ce n'est pas une preuve, il n'est pas vraiment du genre démonstratif ce gros patapouf.

On pourrait demander aux voisins de venir voir ?

- Ouais bon, vu la réputation qu'on se tape déjà, on ferait mieux d'appeler ta soeur.

Ivre de joie joint le geste à la parole.
Elle attend un peu son téléphone portable à l'oreille.

+ Je préfère ne pas laisser de message, je rappellerai tout à l'heure.


Fondu noir.


+ Tu as creusé la symbolique ?

- Non, pas eu le temps.
Si tu me sors que la forme à l'envers ça fait le cri de Munch ou le masque de Scream selon la génération, je t'étrangle !

+ Toi, tu serais pas un rien télépathe ?
Justement je me disais... Tu as dû chercher avec des points, mais est ce que tu as essayé avec des cercles ou des disques, je crois que ça ressemble au sigle radioactif, non ?

- Pas tout à fait, c'est un point avec trois fragments de cercle autour.

+ Et l'album d'Un/real de Norma Loy que tu m'as offert à l'aube de notre vie commune...
Attends, je vais le chercher.

- Laisse tomber, je crois que c'est le même symbole que les trois points de Current 93, d'ailleurs dans un de leurs clips il est représenté dans le même sens que le notre et la secte des francs maçons avait aussi repiqué ce symbole je crois. Bref c'est mort la symbolique, il y a tellement de choses auxquelles cela pourrait ressembler.

Ivre de joie revient avec le cd.

+ Regarde cette illustration dans le livret, c'est délire, j'avais oublié les trois yeux sont remplacés par des symboles radioactifs. Tu savais que le symbole peace & love venait du mélange de la lettre N et D, en langage sémaphore, ça fait trois drapeaux dans la même position...

- Non, mais c'est quoi le rapport ?

+ Niquedouille, N & D, c'est pour Nuclear Dissarmement, cela se trouve c'est une sorte de message divin codé pour prévenir les humains qu'ils sont libres de le croire ou non, mais que si ils foutent la planète en l'air à force de marcher sur la tête...

- Très drôle.

+ Sérieux... genre très terre à terre : attention, attention, la fin du monde ne viendra pas d'une intervention divine... et après... ils peuvent toujours se plaindre, pleurer, supplier, il sera un peu tard.


Fondu blanc.


Elle tient une paire de ciseaux dans une main, de l'autre elle écarte les feuilles d'un des deux grands plants de weed aux têtes déjà décapitées qui poussent près de la fenêtre.
Lui s'est relevé dans le lit, il a passé ses bras autour de ses genoux et la regarde faire son rituel du soir.
Des fois ça lui arrive de tirer quelques lattes, mais sa drogue à lui c'est elle, il s'enivre de chaque instant de sa présence.

- J'ai aussi recherché des infos sur la prise en charge "réelle" des évènements surnaturels par les gouvernements.

+ Ah parce que dans les films c'est pas pour de vrai ?

- Justement c'est ce qui m'a intéressé, le problème c'est qu'il y a très peu de cas, à part les chasses aux sorcières qui commencent à dater, le seul exemple récent est le cas des ovnis.

Le claquement des ciseaux s'interrompt.

+ Je ne suis pas d'accord, l'histoire de la folie de Foucault montre que le génocide de la déviance reste hélas toujours d'actualité. C'est pas forcément super surnaturel, mais dixit Arthaud les asiles d'aliénés sont des réceptacles de magie.

- De fil en aiguille, où plutôt de lien en lien, je suis tombé sur des infos sur le MK-Ultra, la façon dont le gouvernement américain a enlevé des personnes et s'en est servit comme cobayes pour des programmes militaires d'ingénierie parapsychique.

+ Sérieusement ?

- Il y a eu un procès énorme, certains responsables ont même été condamnés.
En tout cas ça m'a sacrément refroidit. J'ai peut être un moche de scoop surnaturel pour le journal mural.
N'empêche, j'ai peur qu'on ne soit vite dépassé par les évènements.

+ Attends...

Elle est dans la cuisine, on entend le micro onde fonctionner, quelques bips qui font tilt.

Ivre de joie revient dans la chambre de leur amour.


+ ...imagine : ils n'étouffent pas l'info, bien contents d'avoir un évènement pour camoufler l'électrocution massive des manifestants et... nous on se sert de la visibilité que nous donne le scoop pour diffuser massivement tes vidéos de la manif. On pourrait même essayer de passer l'info dans les médias traditionnels, non ?

- Ouais, ben floutte, bien les visages... Tu crois que ça servirait à quoi ?
Autrefois, ils auraient cherché à maquiller leurs violences, ils auraient remonté mes images avec des dégradations faites par des flics déguisés en casseurs. Tu penses qu'ils croyaient que ça ne s'ébruiterait pas ? Non, aujourd'hui, ils en profiteront pour faire un spot publicitaire à la gloire de l'ignoble politique de ce sarkozy. Les médias c'est chasse gardée ! On se ferait griller sur toute la ligne.

+ Tu ne crois pas qu'avec 6 millions d'écoutes par années ce n'est pas impossible qu'on ne soit pas déjà un peu grillés.

- Je parle pas de ça.

Quelque soit la réaction du gouvernement français, il n'aurait pas plus de pitié que n'importe quelle mafia qui défend ses intérêts. Regarde comment ça c'est passé avec Julien Coupat, combien de temps il est resté en taule pour satisfaire leurs lubies ?

C'est déjà une chance qu'ils se contentent de faire fermer les comptes Youtube du journal mural qu'ils réussissent à trouver. En plus là avec la vidéo de la manifestation diffusée sur les réseaux, ils vont l'avoir mauvaise.

Elle a déjà terminé de hacher les feuilles, ses doigts agiles roulent un cône étroit.

+ J'ai pas mis de tabac, comme ça si tu veux tirer dessus...

- Yep.

+ Tu sais combien de fois ta vidéo a été visualisée ?

- Non, j'évite de regarder, on ne sait jamais, je pourrais être repéré si je suis la seule IP qui se connecte fréquemment. On pourrait me retracer, même avec mon firefox aux oignons.

Un moment de parano, j'ai fais le rapprochement entre la diffusion de la vidéo et l'apparition de ces lumières, je me suis demandé si c'était pas un gadget d'intervention du gouvernement.

Sous la table Cancer pousse un long soupir.


En tous cas, je me suis bien gardé d'en parler à Ivre de joie, j'aime vraiment pas lui refiler mes paranos.


Fondu blanc.


- De toute façon prévenir les autorités...
à part gagner un aller simple pour un camp de concentration psychiatrique.

L'allumette s'enflamme à la rencontre du grattoir.
Ivre de joie la porte dans le creux de ses mains jusqu'à l'extrémité de son joint.
Elle recrache un nuage de fumée parfumée.


+ J'ai l'impression comme on dit qu'on est profond dans le pétrin.

- On pourrait déménager, mais on a tellement galéré pour trouver un appart à louer qui ne soit pas hors de prix.
Et pour aller où ?

+ Si on pouvait être sûr que c'est sans danger...

- D'accord, au départ je trouvais ça assez tripant d'étudier ces trucs, ça parlait à l'apprentis sorcier qui sommeille en moi, mais là ils ont complètement envahit l'appartement.

+ Bah, moi je les trouve plutôt mignons, ils ont un côté scifi old school des plus craquant.

- Euh, je veux pas te faire flipper, mais qui te dit qu'on va pas se réveiller demain matin avec ces choses sur la peau ? Hier j'étais Ok, mais là, franchement...

Il reste figé le geste de sa main englobant la pièce en suspend.

Je crois qu'Ivre de joie, lit en moi comme dans un livre. Je le vois dans ces yeux quand elle regarde mes lèvres qui tremblent sous les coups de boutoir de ma langue folle, ça se trouve l'explication du phénomène est d'une simplicité enfantine, je suis mort dans la manif : arrêt cardiaque... Ou mieux, on est mort dans notre sommeil, un incendie, c'est si vite arrivé.


Fondu blanc.


Very Experimental Afternoon (L'après midi du samedi 23 Juin 2012.)

Une série d'expérimentations : le crayon.

Jouer aux apprentis sorciers ça va un moment...

Je crois que n'importe qui d'un peu sensé aurait pris dare dare la fuite après l'expérience du crayon.

Au moins histoire de réfléchir à bonne distance.

Dans le genre couple de vieux gosses irrécupérables trop brulés de la tête, nous, on s'impose là.


Fondu blanc.


+ Ramène-toi ici, j'en ai trouvé une autre.

Elle prend un crayon et essaie de sonder la matière lumineuse avec.
Il la rejoint dans le salon.

- Vas-y mollo, on sait jamais.

+ Je ne sens pas de résistance, c'est bizarre...

Elle retire le crayon.

Il n'y a plus que l'extrémité qui n'était pas enfoncée entre ses doigts, le reste a disparu !


Le crayon est coupé net au niveau où elle l'avait enfoncé.

Incrédule elle secoue sa main là où devrait se trouver la partie du crayon qui a disparue.


- Qu'est-ce que tu fais ?

+ Je vérifie des fois que le truc l'ai juste rendu invisible, mais non, le crayon est bien coupé. Tranché net comme au laser !


Fondu blanc.


- J'ai une autre idée.


Fondu blanc.


Une série d'expérimentations : l'eau & le feu.

Ivre de joie le regarde faire intriguée.

Il revient avec un verre, entreprend de verser un peu d'eau sur le mur, ça dégouline, mais en dessous de la chose il n'y a rien qui coule.


- Apparemment ça absorbe aussi l'eau.

Moitié morte de rire, Ivre de joie se retient de pouffer.

+ Beenden ! je crois que j'ai la solution.

Bouge pas, je vais chercher des journaux, on va vérifier si ça réagit au feu...

- Mort de rire.
C'est pas parce que c'est différent de ce qu'on connait que c'est pas vivant, imagine une moisissure extraterrestre douée de conscience.

+ On aurait peut être dû commencer par se présenter, nous humains, venir en paix.
C'est peut être déjà trop tard, imagine qu'ils émettaient de la lumière en signal de bienvenue, comme on n'a pas rayonné, ils sont contrariés, il faut empêcher que ça tourne au conflit intergalactique.

Signal long, Signal court, Signal long... Elle s'amuse avec l'interrupteur de la lumière.


Noir. (L'ampoule a sauté)


- Toi quand tu pars en live on peut plus t'arrêter.


Fondu blanc.


Un changement d'ampoule plus tard.

Une série d'expérimentations : les lunettes de soleil.

+ Alors tu vois les trois points ?

- Ouais, tu as raison, je suis bleuffé.

+ J'ai juste remarqué que quand je fermais les yeux après avoir fixé un certain temps la lumière je voyais trois points lumineux.

- N'empêche les lunettes de soleil fallait y penser.

J'ai beau avoir progressé depuis que j'ai le bonheur de partager ma vie avec la tienne, je suis toujours à la ramasse au niveau cognitif... Tu n'aurais pas un bonne idée de stimulus pour faire réagir ces trucs ?


Fondu blanc.



Une série d'expérimentations : la musique.

+ La musique ?

Il lance le mirage de symbol of subversion à fond les watts dans les enceintes du portable.

- Délire, ça fluctue en rythme on dirait, c'est pas très prononcé, mais il y a une sorte de pulsation, tu la vois ?

+ pfff, même pas mal, moi je ne vois rien de rien.

- Je t'assure, je te fais pas marcher, regarde.

C'est ce moment que choisit Cancer pour tenter d'atteindre le canapé. Sans doute pour avoir une meilleure vue sur les occupations inhabituelles d'Ivre de joie et Corentin.


Fondu blanc.


Une série d'expérimentations : Cancer.

+ Le grand Cancer est appelé à donner son verdict !

Elle attrape le pauvre Cancer par son collier et le brandit devant une des lumières du mur.

+ Cancer, que penses-tu de ce truc ?

- Fais gaffe tu vas nous l'esquinter, vu l'état du crayon vaut mieux éviter qu'il touche ce truc.

+ Tiens à ce propos, les trucs, les choses, ça, etc. C'est fatiguant à la longue.

Je les appellerais bien "grubber things", je ne trouve pas d'équivalent en frenchi :
"les choses qui bouffent tout" cela ne sonne pas terrible.
Grubber things par contre c'est résolument bis avec un petit coté retro.

- Je t'ai connue plus inspirée.

+ Eh bien, propose si tu trouves un nom plus délire.

A ce moment précis, Cancer moitié étranglé par son collier à un léger haut le cœur.
Qui se concrétise par la projection d'une gerbe de pâté mal digérée en direction du sol.



Fondu noir.


Corentin est en plein nettoyage.

- On a eu de la chance mine de rien, que Cancer choisisse ce moment pour vomir, à quelques secondes prêt je t'embrassais pour mettre un terme à cette discussion. Je vois bien le tableau : tous les trois écroulés sur le canapé... dans le vomit.

+ Quand même avoue que c'est pas vraiment courant ce qui nous arrive,
trois scoops d'un coup : la manif, le cancer et maintenant ça.

- Perso, j'appellerais plutôt ça des tuiles, ça me parait plus adéquat.

+ Pourquoi a t il fallut que cela tombe sur notre pomme à nous ?


Saut d'horloge temporelle. (Le soir du dimanche 24 juin 2012.)


Fondu noir.


Solution stratégique : temporiser.

- Tu te rappelles avant hier ?

Il n'y en avait qu'une. En rentrant, je l'avais vu au plafond du couloir, mais j'ai pas tilté, j'ai pensé que c'était une déco que tu avais mise. On est guère plus renseignés, sauf que quoi que ce soit, que cela vienne d’un autre monde ou d'un laboratoire, que ce soit dans notre tête ou non, on a appris une chose : c'est que ça prolifère vitesse grand V.

+ Et que ça pourrait faire une déco d'enfer...

- Ha, ha.
Je propose qu'on ne passe pas la nuit là, on se tire, on va se craquer d'une nuit à l'hôtel, tant pis, mais je ne veux pas rester là, ça devient trop viscéral, il y a mon baromètre interne qui s'affole comme les soirs de grande tempête, le mode vibreur qui annonce la bascule dans l'horreur et personne qui décroche.

+ Tu es sérieux ?

- Regarde autour de toi, il a fallu combien de temps pour que l'appartement soit complètement envahit...

En plus maintenant ça fait cette espèce de pulsation.

C'est on ne peut plus clair, c'est pas que je veux pas : je ne peux pas. Viens on se trace.

Il se lève, prend son bombers.

Au pire il n'est pas trop tard, on peut essayer de trouver un rade histoire de fêter dignement la première expulsion d'un couple d'humains par des choses qui bouffent tout.

Il s'arrête un instant, la regarde pensif.

- On trouvera une solution tranquille demain avec plus de recule et surtout une bonne nuit de sommeil.

+ J'appelle Cancer, d'ailleurs où est il rendu ?

- Il a pas l'air d'avoir apprécié que tu te serves encore une fois de lui comme cobaye, je veux pas dire, mais on n'était pas censés éviter de le taquiner pour qu'il devienne moins agressif ?

Je le trouve un peu bizarre en ce moment... après vu la situation actuelle, qui ne le serait pas, ok, c'est peut être juste son instinct animal, en tous cas, il fait bien attention de pas marcher sur les grubber things.

Corentin et Ivre de joie parviennent difficilement à se frayer un chemin entre les grubber things qui jonchent désormais le sol de la chambre.

+ Allez le gros patapouf, fais pas la tronche, ramène ta trogne, Cancer !

Les deux mains sur ses hanches, Ivre de joie est suspendue dans son cri.


Fondu blanc.


Dénouement par l'intervention du mat.



Bruit.

Cancer sort d'un recoin, sans doute de derrière le lit et vient rapidement jusqu'à eux.

Ils sont debout devant la porte de la chambre et attendent.
Corentin a la main sur la poignée.

L'entrebâillement est remplit d'une lumière intense.
Ils restent éblouis par ce qu'ils voient.
L'intérieur du mur extérieur est recouvert de lumière.
La porte de sortie n'est même plus visible.



Fondu blanc.


Triple Soleil Noir : mort aux vaches intergalactiques.


Fondu noir.


Dans le vaisseau : Défaillance initiale.


Deux visages encerclés de lumière qui flottent cote à cote, seuls dans l'obscurité.
Atmosphère spatiale.
Derrière la courbe transparente d'un caisson de suspension, on a du mal à distinguer leurs traits.
L'intérieur du caisson qui leur sert d'habitacle est éclairé.

Par moments des lumières colorées sur la surface interne témoignent des informations qui fusent.
L'homme est absorbé dans ses recherches. La femme est pensive.
Pas besoin d'être devin pour comprendre qu'ils sont dans un vaisseau en panne de générateur principal...


- J'ai vérifié partout, c'est insensé, il n'y a pas d'erreur possible.
Pourtant le générateur principal est HS.

Cancer a activé l'habitacle et déclenché notre réveil pour que nous validions la bascule sur le générateur auxiliaire. Il n'a pas réussit à trouver l'origine exacte de la défaillance.

+ Je vais faire un test, je tente de le réactiver en manuel.
On ne sait jamais des fois que Cancer nous joue un tour, il est capricieux le patapouf...

- Un peu déplacée comme remarque, je ne badine pas avec les procédures de sauvetage.

+ Rien à faire, plus d'énergie c'est pas un défaut de relevé, il est vraiment Hors Service. Mort de chez mort.

- On applique la procédure, on a quasi quitté la zone inexplorée, notre destination est relativement proche, on peut tenter d'atteindre Kumulus 9 pour réparer. Je demande à Cancer, mais à vue de nez le générateur de secours tiendra.

S’il n'y a pas d'autres galères dans 2 mois temps relatif on est à destination.
Je réactive le sommeil. On va reprendre le 22 juin 2012 juste avant la procédure d'émergence.
Je pense pas qu'on craigne quoi que ce soit, même si c'est peut fréquent comme panne et j'ai pas mal bourlingué.

+ Moi c'est la première fois que je fais une émergence.
déjà que j'ai du mal avec le sommeil...
On s'endort vivant, mais on n'est jamais sûr de se réveiller un jour.
Ce que je veux dire c'est que je ne suis pas une dégonflée, pourtant ça me ferait un peu baliser de mourir sans le savoir.

- Les vaisseaux sont fiables et les Aux assurent la navigation à merveille.
Les équipages sont rarement nécessaires.
En tant que prospecteurs des contrées inexplorées. Nous sommes nous même des vestiges d'un ancien temps.

Le danger vient plutôt des planètes.
C'est comme si elles avaient leur propre système de protection, une sorte de barrière culturelle bien réelle qui les rend difficilement pénétrables à part par la sagacité des louvoyeurs, on arrive à s'adapter à quasi toutes les situations. Mais c'est bien notre seul mérite. Nos procédures sont si bien modélisées que ces fichus Aux seraient capable de nous enseigner notre art.

+ Ouais, tu peux passer la séquence vétérans interstellaires, je compte même plus les redifs.
Qu'est ce qui se passe si le générateur auxiliaire nous lâche ?

- Il nous lâchera pas, t'inquiète.


Fondu noir.


Comeback Evening. (Retour au soir du vendredi 22 Juin 2012.)

Sur son Solex, à fond les gaz en direction de leur appart. Pony express du futur.
A la mode steampunk.

Corentin attache sa bécane au vieil anneau pour les chevaux du fronton de l'appartement.
Vérifie la boîte aux lettres qui n'est jamais fermée.
Puis referme la porte d'entrée sur lui, Ivre de joie écoute "Des lutins dans la tête" à tue-tête.
Elle est en train de graffer sur sa table. En passant, un peu magique sa table, elle est rarement au même endroit, elle change souvent sa place fonction de l'éclairage ou selon des configurations d'axes, c'est comme une zone de concentration mobile, une sorte de lentille qu'elle oriente.

Il pose le casque et les barres des rollers et entreprend de retirer ses grolles dans le couloir.
Cancer lui fait la fête en le bousculant.


- Je ne suis pas prêt d'oublier cette journée.
A la manif, j'ai eu l'honneur d'être parmi les premiers citoyens à gouter les joies des unités Taser mobiles. Les autres sont restés sur le carreau K.O, j'ai pas insisté, j'ai pris la tangeante.

Il est déjà dans le salon L'A.P.N dans la main, en train de sortir la carte mémoire.
Ivre de joie relève sa tête vers le ciel pour recevoir un baiser essoufflé.


+ Comment ça ce fait que cela n'ait pas eu d'effet sur toi ?

- Peut être à cause des rollers, je ne sais pas. Je me suis rentré direct t'avertir et publier mes videos sur le net.

Il regarde une seconde un truc bizarre qui brille au plafond.

- Il n'y a pas de courrier j'ai regardé.

+ Je l'ai déjà pris, tu as reçu la lettre des analyses du labo.

- Alors ?

+ Tiens...

Elle l'attrape sur une des piles de strates et lui tend.

... je ne l'ai pas ouverte.


Fondu blanc.


Triple Soleil Noir : mort aux vaches metaphysiques.


Fondu noir.

- Ah.

+ Alors ?

- C'est mort, la galère, ils disent qu'ils ont trouvé une tumeur et qu'elle est infiltrée donc pas d'opération possible...

Ivre de joie essaie de sourire, elle arrive à peine à retenir ses larmes.

+ Super, on est vernis, tu veux qu'on organise une fête histoire de marquer le coup ?

- Pourquoi pas, ça peut être fun.

Corentin et Ivre de joie se regardent avec le regard complice de ceux dont le cœur bat en cœur, ils se murmurent quelque chose du bout des lèvres, peut être : Je t'aime, heureusement que tu es là...


Fondu blanc.



- Ils me donnent quelques années encore...

+ Bah, c'est l'intensité pas la durée qui compte...
et puis on ne sait jamais peut être que le cancer ne sera plus incurable d'ici l'échéance.

- Très hypothétique, il faudrait déjà que les groupes pharmaceutiques renoncent au pognon que leur rapporte le traitement continue des malades, sans compter que si il n'y a plus de sécurité sociale d'ici là, ça ne sera peut être pas accessible à toutes les bourses.

+ Ouais, finalement vu comme ça, ce n'est pas si grave, c'est juste un coup du destin de plus.

Souhaitons quand même que cela s'arrête avec celui ci, parce que le seul truc de pire qui ne me soit pas encore arrivé ce serait de te perdre.

Cancer soupir, allongé à leurs pieds par terre la tête entre les pattes.

- Je préfère ne garder que le bon coté de la situation, statistiquement on serait censés être tranquille pour un moment.

+ Tu oublies la loi des séries.


Fondu blanc.


Ivre de joie revient avec une bouteille de mousseux spécial grandes occasions et un joint roulé avec une blend. (Grande feuille parfumée disponible dans tous les bons bureaux de tabac)

+ Je t'avais prévenu qu'appeler ton chien Cancer, cela allait te porter la poisse.

- Bah, de toute façon, si c'était pas ça, ça aurait été autre chose.
Comme tu dis ce qui compte c'est l'intensité de la vie, pas sa longueur.
Alors profitons-en pleinement.

Ils trinquent : "Yech'mat"

Leurs verres s'entrechoquent.

+/- A l'intensité du temps qu'il nous reste.


Fondu blanc.


Triple Soleil Noir : mort aux "Waches" politiques.


Fondu noir.



Ivre de joie s'absente dans les toilettes. Corentin se penche sur son carnet de dessin.

- "Tant qu'il y aura des riches, il y aura des pauvres" avec la main de Gainsbar qui crame un bifton à l'effigie de sarko... Sympa, c'est les modèles de ta nouvelle ligne "Ivre de traverS" les tee shirts 100% subversifs ?

+ Hé, attends regarde pas ! Tu sais bien je n'aime pas qu'on regarde tant qu'ils ne sont pas finis, je les ai presque terminés, j'en ai fait un spécial pour toi aussi.

- Ok ok, excuse.

+ Tiens, tu as lu l'article que t'a envoyé ta mère sur l'utilisation du cannabis au Canada pour freiner le cancer ?

- C'est vraiment dégueulasse, dire qu'en France les laboratoires bloquent toujours l'utilisation du cannabis car à terme l'usage thérapeutique pourrait remettre en cause l'interdiction de la plantation. Et surtout ça mettrait au rebut une bonne partie de leur pharmacopée toxico chimique.

+ Peut-être que le cancer pourrait bousculer les choses ? Cela pourrait être très lucratif, de commercialiser un inhalateur, si c'est le seul produit légal. La solution miracle pour un maximum de contrôle...

- Et soi disant pour éviter les risques de la méfu, on donnerait quelques billets aux législateurs pour faire oublier l'existence des tisanes, gâteaux de l'espace et autres yaourts aromatisés.

+ En faisant dériver le système, une légalisation des inhalateurs faiblement dosés pourrait même être envisagée sans ordonnance pour les personnes légèrement dépressives.

- Ce serait un triste carnaval.
L'insurrection qui vient se changerait en citrouille.

+ On peut imaginer les parts de marchés prisent sur les drogues illégales. Qui prendrait la peine de courir le risque d'une condamnation, pour une substance qu'il peut acheter légalement et prête à consommer ?

- Je n'y crois pas trop vu que la plupart des politiciens touchent à la blanche, c'est pas pour rien que le cannabis est diabolisé, ils ont trop de jetons dans la poudre, ça leur rapporte trop pour qu'ils décident de se tirer dans les pattes.

+ Que demande le peuple ?
Du pain et des jeux ou un peu d'opium...

- Enfin, tu connais le refrain, c'est toujours la version édulcorée du modèle de la minorité dominante, les idoles, qui est adapté au plus grand nombre, c'est autant profitable pour les intérêts commerciaux que pour répondre au besoin de communion du peuple. L'intérêt collectif ça fait belle lurette que les politiciens l'on remplacé par le bon sens, leur bon sens.

Ivre de joie revient dans la pièce, c'est étrange comme sa présence illumine tout, à commencer par le regard de Corentin.

- On peut toujours rêver... La question est :
Qu'est ce qui fait bander ce petit monde, l'argent ou le pouvoir ?
Et il n'y pas photo sur la réponse, si le cannabis n'a pas encore été transformé en marché lucratif, c'est bien que les chargés du pouvoir prennent plus leur pied à s'en servir comme prétexte pour maintenir les minorités marginales sous le joug de la peur.

+ Je t'imagine bien, t'aurais l'air fin en train d'aspirer comme un hypocondriaque sur ton inhalateur :
"Luc, je suis ton père"

- Hum, tu as le chic pour me retourner la tête dans tous les sens...

+ Tiens fume plutôt et n'oublie pas de poster ta vidéo.

- T'inquiète, je m'en suis occupé tout à l'heure quand tu étais aux toilettes, je l'ai mise en partage sur les réseaux et je l'ai chargée sur un serveur collectif Indymédia indépendant à l'étranger.
Je dois d'abord écrire un petit compte rendu avant de la mettre sur Youtube, Anartoka vidéo, etc.


Fondu blanc.


Corentin, les yeux perdus au-delà de toutes frontières recrache une longue bouffée de fumée, il dit comme si il s'adressait à lui même :

- Des solutions pour un monde meilleur pour tous ça ne manque pas, sauf que si on était plus nombreux à les appliquer dans nos vies, cela ferait longtemps que le monde aurait changé.
Le problème ce n'est pas juste une élite qui a peur de perdre ses privilèges, c'est que quoi qu'on en dise cette élite n'est que le reflet de nos désirs, à trop désespérer nous n'avons plus que de l'envie, on attend de l'extérieur ce qui ne peut venir que de l'intérieur, alors que l'espoir nous donnerait la volonté de faire de nos rêves des réalités.

+ On dirait qu'il suffirait juste d'un peu plus d'amour...
Que les cuirasses se lézardent un chouilla, histoire que l'on puisse vraiment se rencontrer.

Elle joint le geste à la parole et l'entraine dans la communion de leurs coeurs et leurs corps.


Fondu noir.



Triple Soleil Blanc : vie au lit narratif.


Fondu noir.



Une lumière blanche scintille.
Il fait nuit, Ivre de joie ouvre difficilement les yeux, regarde l'heure.

Le matin quand elle se réveille, il y a trois grubber things dans la chambre.


Fondu blanc. (Matin du samedi 23 juin 2012.)

Corentin est à table, il a préparé du café.

- Lu, mon cœur.

Il se redresse pour enlacer les hanches d'Ivre de joie, et du bout des pieds partage un baiser mélé de sourires.

Cancer tente de profiter de cette seconde d'inattention pour lui chiper son sempiternelle petit pain au lait.
Avec succès.

+ Cancer !

Il laisse tomber la moitié du petit pain qu'il n'a pas encore avalé et fait deux gros yeux de chien battu.

- Sale comédien, c'est trop abusé, en plus tu as encore de la pâté dans ta gamelle.

Ivre de joie s'installe sur son pouf, attrape une biscotte, qu'elle entreprend de recouvrir de confiture.

+ Tu as vu ? Il y en a dans la chambre maintenant.

- Ouais plutôt envahissants les machins, on pourra faire des tests en début d'après midi et après j'irai à la pêche aux infos sur le net...
Je vais sortir Cancer, tu viens avec nous ?

+ Désolé, j'ai une bonne douche qui m'attend et après faut que je m'occupe du linge en retard.

- Ok, à toute allure...


Fondu blanc.


Triple Soleil Blanc : vie au lit psychotique. (Nuit du samedi 23 juin 2012.)


Fondu noir.


- J'arrive pas à dormir et si c'était vivant ?
Je me vois mal me réveiller en plein remake d'Arac Attack...

+ Mais non, t'inquiète, cela fait peut être déjà un certain temps que c'est là, et puis si c'était dangereux on aurait déjà eu l'occasion de le constater.

- Justement ça n'est peut être pas lié... mais il y a mon cancer quand même.

Cancer qui a entendu son nom vient se coucher à leurs pieds...

+ On trouvera une solution demain, d'accord ?

- Ok. Va pour la trêve, j'arrête de paranoïer. Après tout peut-être que je me fais des films.

+ Dors tranquille mon amour.

Dans la pénombre Ivre de joie se penche sur lui, sa crinière fait comme la caresse fugitive d'une aile, elle dépose un baiser sur ses lèvres.
Corentin s'endort enivré du parfum de sa présence.


Fondu noir.


Deus Ex Machina.



Un miroir apparait où un visage transparait.

J'avais écris une première version de ce chapitre, j'ai hésité à le supprimer, le prosélitisme me fait vomir, j'ai confiance que chacun puisse faire son propre chemin sans devoir subir les conseils de ceux qui sont aveugles à cette évidence. Les prêches sont l'orgeuil de ceux qui adorent le faux démiurge dont parlait Philip K. Dick.
Présentement dans ma vie, j'étudie le concept de Parrhesia, alors plutôt que de faire semblant et diluer ces quelques indications dans un long dialogue caché sous le vernis de la fiction, je t'invite à passer au chapitre suivant ou à ouvrir grandes tes esgourdes, car si tu ne le prends pas pour argent comptant, ce que j'ai à dire pourrait être utile pour accéder à un avenir avec un peu moins de souffrance.

Pourquoi parler ?

Pour partager ce que je comprends du mécanisme de la vie.
Libre à toi ensuite d'oublier bien vite ce chapitre ou si cela révèle en toi le visage que tu avais oublié, que ça réveille ta conscience, la tire de la torpeur du confort du champ de bataille de la vie, tant mieux.

Je prends la parole.

Comme tout un chacun, même si il n'en a pas conscience, je suis dieu de ma réalité.
Seul face au miroir, je n'oublie jamais que je ne suis qu'un fragment avec toutes ses imperfections qui sont autant de qualités. Aujourd'hui je m'appelle Corentin Doll, je ne suis qu'un fragment de Morne, qui n'est peut être que le fragment de quelqu'un d'autre... C'est le mystère de la vie, peu importe qui l'on est seul compte ce que l'on fait.
Ou plus exactement ce que l'on créé, car créer c'est déjà faire la moitié du trajet qui change les rêves en réalité, après il y a la Parrhesia le nom originel de la Congruence, les psychologues cachent souvent derrière des terminologies les idées qu'ils recyclent peut être pour les rendre inaccessibles et ainsi protéger leurs chapelles, à moins qu'ils ne soient vraiment aveugles ?

Ce que je fais.

Je transforme les sons et images de mes visions en mots, je suis plus ou moins efficace, des fois je brode pour faire joli, d'autre fois, je ne comprend pas la portée de ce que je vois, et puis comme on dit : "l'erreur est humaine". Par exemple, tu auras peut être remarqué que quand l'ignoble séquelle de monarque a fait tazer la foule on est en droit de penser que malgré tout l'info va être difficile à passer sous silence... Peut être que je suis un peu trop à fond dans ce que je fais et que je donne plus d'importance qu'il ne se doit à mon témoignage vidéo ?

Avant d'oublier j'ai évoqué une sequelle de monarque, je vais développer un peu ce point :
Les transformations trop brutales entrainent souvent un rejet. C'est pour cette raison que l'on met généralement en place des étapes transitoires. Le risque est qu'avec le temps on oublie. Imagines quelqu'un qui conserve sa béquille alors qu'il n'en a plus besoin, non seulement cela fait un poids à porter, mais en plus il risque de se prendre les pieds dedans. Il y a plus de deux cents ans maintenant, suite à un siècle marqué par la diffusion des idées dans les livres une révolution a renversé la royauté de ce pays. Après plusieurs balbutiements, on en est arrivé à mettre en place un président de la république, sans doute surtout pour faciliter la transition avec l'ancien régime et éviter que des empires viennent à renaitre.

L'idolatrie étant une des grandes faiblesse des populations conditionnées par celle que j'appelerai, je ne m'attarderai pas à faire leur critique ici leur nom parle pour elles : les voleuses ou violeuses du divin, (Elles ont tué l'humour de la pensée divine, en on fait quelque chose d'inhumain, elles l'ont mis à mort, si vous croyez en jehova, allah, brahama, etc, ne vous laissez pas leurrer par les religions qui les assassinent encore plus chaque jour.) tellement elles ont dénaturé une pensée qui appartenait au peuple. Si l'humanité n'est pas un des plus vivants des dieux avec son humour, son insoumission et sa diversité qui est ce ?
Il vaut mieux que j'évite de caresser l'empereur dans le sens du poil. Car une idole c'est cela justement, une sorte d'égregore, la création macrocosmique d'une flamme, la même qui est en chacun, qu'on appelle conscience. Sauf que si on la néglige, qu'on oublie qu'elle nous façonne autant que nous la façonnons, on se retrouve avec d'horribles tyrans comme ce sarkozy.

Nous sommes les artisans de notre malheur... ou de notre bonheur. C'est là le pouvoir du choix : le libre arbitre.
On ne peut pas tricher avec son coeur, si vous voulez ne plus avoir de dirigeants qui soient assoiffés de pouvoir apprennez d'abord à apaiser votre propre soif de pouvoir.
Ceci dit je ne vais pas sortir tous les vieux dictons de sagesse populaire, genre, "aide toi et le ciel t'aidera".
Nous vivons d'autres temps. Chaque époque est marquée par l'évolution de la communication. La révolution a eu pour source l'essort de la diffusion des idées par les livres. La télévision a aussi été en son temps un progrès, elle a permis d'accélérer cette propagation avant de n'être plus qu'une sequelle inadaptée à l'époque. Pas plus que les livres elle ne permettait l'interraction et hélas il est plus couteux et difficile de faire un film qu'un livre, mais couplée au téléphone les personnes pouvaient déjà échanger sur les informations qu'elles recevaient. Aujourd'hui l'internet à réunit ces deux médias, l'interactivité est complête. Que demandez de plus, demain peut être la téléportation ?

La télévision montre qu'une étape de transition quand elle essaie de se maintenir en place, alors qu'elle est devenue un outil désuet devient dangereux. L'industrie du disque et la prédation qu'elle tente sur internet en est un autre exemple. De même que conserver un président mis en place pour faire la transition entre la république et la royauté est dangereux. A moins que l'on ne veuille faire machine arrière ?

On pourrait aussi continuer à jouer les Icares ?

La technologie est un outil, utilisée sans mesure, elle rend compliquée des choses simples, elle entraine l'asservissement de l'humain, le monde libre à bien souligné l'importance que le code source ne soit pas confisqué par une élite. Les ordinateurs sont avant tout l'exploitation des pauvres par les riches. Si un riche devait concevoir et construire son ordinateur avant de l'utiliser il aurait meilleur temps d'utiliser de la peinture, un instrument de musique, une machine à écrire ou encore aller frapper à la porte de son voisin.

Je propose plutôt qu'on trouve un équilibre, qu'on apprenne déjà à utiliser les ressources de la technologie actuelle. Si tu veux te faire une petite idée du genre de chute douloureuse qu'entraine de poursuivre indéfiniment la course au "progrès" ne lis pas le dernier chapitre de la nouvelle, arrêtes toi à la fin de l'avant dernier. Je ne te le conseille pas, mais tu es libre de ton choix.

Toujours est il que la technologie a atteint un stade où désormais une utopie qui avait été rangée au placard pourrait apporter des changements fondamentaux dans la société : la démocratie directe.

Utiliser l'outil internet, mais en quoi serait-elle directe ?

Les administrations définiraient des projets en définissant les moyens, les objectifs, les publics, etc.
La population disposerait d'un crédit d'impot (Dans un premier temps une partie seulement des impots pour faciliter la transition.) à affecter aux projets, mais ne pourrait le faire qu'après avoir pris connaissance de ces projets, ce qui est simple à réaliser avec une interface flash par exemple, la page ne serait accessible qu'après lecture des éléments permettant le choix. On peut aussi imaginer des variantes intermédiaires, si des personnes ne se sentent pas la capacité ou la volonté de prendre ces décisions, le montant de leurs crédits seraient affectés à celui de l'ensemble des citoyens et ce à l'unique condition qu'ils aient accès si besoin à des solutions d'éducation qui permettrent d'apprendre à choisir, etc, pour être sûr que ce ne soit pas une fuite, mais un choix. Enfin ce ne sont que des pistes.

Il vaut mieux ne pas compter sur les politiciens pour la mettre en place car c'est justement son intérêt à long terme elle entrainerait leur disparition.

Dans la logique de faire sien l'outil des nouvelles technologies plutôt que d'en avoir peur. Je risque de paraitre utopique, mais si j'en crois mon expérience quoi de mieux que d'avoir été hors la loi pour se constituer une éthique, les hackers ne seraient ils pas les premiers à soutenir une cyber démocratie directe dans le cas où elle ne serait pas un simulacre ?

Est ce que ce serait suffisant pour éviter une simple transposition cybernétique des maux, qui découlent de la corruption ?

Est ce que chacun est prêt à participer si les briques ne sont pas pour construire les murs des temples de demain, mais pour construire nos maisons ?

Une autre proposition qui ne manquera pas d'adversaires : l'argent chronodégradable.

Farfelue ? Non, peut être juste la fin du capitalisme et la remise de l'argent à sa juste place : celle de monaie d'échange.

Est ce que trois piliers font une meilleure base de société qu'un seul ?

Sans doute que si personne ne se pose sincèrement la question :
Quelle vie j'aimerais connaitre ?
Ce ne sera qu'une nouvelle pyramide...
Mais si chacun dans son coeur porte ces piliers ou mieux d'autres qu'il aura trouvé, la pyramide sera renversée, et pour changer, pour une fois, il y aura un toit pour tous.

Pour revenir sur la petite flamme de la conscience que l'on élève comme elle nous élève, des fois on peut avoir l'impression d'être un pantin aux mains d'un marionnettiste, mais c'est plutôt stérile d'essayer de se battre avec un miroir, à part si on veut se blesser, voir se briser. Ce n'est qu'un outil pour nous révèler nos caractéristiques, libre à nous de les corriger ou de les accentuer, selon les goûts.
Enfin ce n'est qu'une proposition pour s'accorder un peu de paix.

Pour ceux qui interprêtent un peu trop au premier degré le : "ni dieu, ni maître" comme la servitude obligée au chaos et qui passent leur temps à se détruire, si ils veulent connaitre un peu de liberté, je les invites à creuser un peu du coté de l'anarchisme mystique. Enfin à chacun son gouvernail, j'ai longtemps été accro au vertige, désormais j'en ai marre de faire du surplace. Ce n'est pas pour autant que je vais m'empêcher de faire des virages à 90° si le coeur m'en dit. Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait, je sais juste que j'ai eu ma dose de monotonie...

Par ailleurs pas besoin d'avoir lu le meilleur des mondes pour savoir que la paix quand elle est imposée est une forme de guerre. En tant que lecteur, un de mes livres préférés est la zone du dehors d'Alain Damasio, être en paix ne veut pas dire rester inactif, au contraire. J'apprécie de pouvoir me distraire en apprenant et parfois je regrette que les auteurs ne soient pas un peu plus libres de délivrer leurs messages comme Edwin Abbot avec Flatland. Internet cela permet cela aussi. Pour être plus clair, cette excroissance qui aurait fait hurler les critiques littéraires, qu'aucun éditeur n'aurait voulu publier. Internet et la libre diffusion le permettent.

Les lois n'ont pas de raison d'être autre que de nous apprendre à nous en affranchir.
On ne peut construire d'éthique sans être hors la loi.
Le libre arbitre n'est pas un acquis, c'est un combat perpetuel pour être à la hauteur de nos choix.

Sur ces quelques poncifs, je m'éclipse pour laisser la place à l'histoire.


Fondu blanc.

Triple Soleil Blanc : vie au lit paliatif.


Fondu noir.


Dans le vaisseau : Défaillance terminale.

 
- Putain !!!
eh merde.
 
+ ça devient lourd, c'est quoi ce bahut ?

- Cancer pourquoi tu nous réveilles on est pas à Kumulus 9 !

Procédure les amis, vous allez me faire la tronche, mais le générateur auxiliaire est tombé en rade.
 

+ C'est une blague !
C'est quoi la suite des réjouissances ?

- L'habitacle est la dernière source d'énergie.
Cancer a du envoyer un signal de détresse au réveil.
Tu confirmes ?

Yep, yep, procédure.

 
- Et on va devoir attendre des secours. Mais question autonomie, il va falloir qu'ils se pointent dard dard, si ils veulent pas se retrouver avec des macchabées.

Hum, hum, j'espère que ce ne sera pas la goutte qui fait déborder le vase... Chers passagers, j'ai le regret de vous informer que vous allez devoir vous passer de moi dans moins de deux minutes. Seuls seront maintenus en activité, mes cannaux de communication extérieurs, ainsi que votre circuit de compensation thermique et celui des unités végétales de production d'oxygène.

Si vous avez une dernière requête, je ne veux pas vous presser, mais dans à peine 1 mn 40 secondes c'est mort.


 
+ J'ai une question bête, si le générateur de l'habitacle rejoint ses frères, on est mort ?

Oui.
 

+ Alors greffe un symbole, je ne sais pas quoi, un triple soleil, dans notre sommeil. Comme cela, si on le voit, on saura qu'on va mourir. ça me fout trop les jetons de quitter la vie sans le savoir, et me fais pas chier avec tes procédures ! Trouve un moyen et magne.

C'est fait.
 

+/- Merci Cancer.


Fondu noir.


Retour au matin du 23 Juin 2012 : dernière tentative.

 
Ivre de joie se réveille.
Elle se penche sur Corentin lui souffle sa chaleur dans l'oreille, lui fait des caresses de chat dans son cou pour le réveiller.
Corentin émerge difficilement du sommeil.
 

- Hum... euh... Il est quelle heure ?

+ Il y a quelque chose d'étrange, j'ai fais un rêve cette nuit.
Je ne crois pas que c'était un rêve.
Il y avait des lumières partout, et à un autre moment on était dans un vaisseau, c'était vraiment barré, ça m'a fait un drôle d'effet.

Il vérifie à tout hasard que la chambre est toujours là autour.
Pas besoin de regarder le réveil, il fait encore un peu nuit, ce doit être l'aube.
 

- Ben moi je dormais bien, si j'ai rêvé, je me rappelle pas d'avoir rêvé.

+ Tu crois que cela pourrait être un rêve prémonitoire ?
J'ai entendu dire que cela depend de la position de la lune...
- Possible... c'était "la lune qui sourit" hier soir ?
J'espère que c'était pas un rêve prémonitoire, je suis pas terre à terre pour 2 sous, mais j'ai pas spécialement envie que des rooswelts ou des dieux egyptiens débarquent de leurs soucoupes ou de pyramides volantes pour nous embarquer.

Il se lève et va aux toilettes près de l'entrée.
Il n'y a plus une grubber thing mais déjà trois.
Il se retourne pour appeler Ivre de joie, mais tout se remplit de lumière, comme si elle était vivante.

 
Fond blanc avec trois points noirs qui apparaissent disposés en triangle comme un mort aux vaches interstellaire.

Ivre de joie l'a rejoint, elle est collée contre lui.
 

+ Regarde !

Elle tend le bras et pointe l'index,

alors cela fait comme un feu d'artifice.


Triple Soleil Rainbow : éveil de la population.


Fond blanc avec points multicolores qui apparaissent disposés en triangle, puis c'est comme une ophtalmie.



Il y a des histoires qui ne peuvent se terminer qu'en happy end,
sans doute parcequ'Ivre de Joie n'a pas encore annoncé à Corentin qu'elle attend un enfant, il n'est peut être pas que de lui, mais qu'importe, la vie est un miracle :
Celui de chaque humain, qui plutôt que de ramper ou voler préfère marcher sur le plancher des vaches ; Essuyer les tempêtes pour se sentir vivant et partager les promesses de l'aube ; Qui plutôt que chercher le bonheur ailleurs s'évertue à le construire ici, de ses deux mains. Ou pour ceux comme Corentin et Ivre de joie qui ont la chance de s'être trouvés, de leurs quatres mains...
 

Quant à l'envers du décor, pour celles et ceux qui sont curieux, peut être qu'un vaisseau a capté leur balise de détresse ou peut être que leurs ressources se sont épuisées...

Pour celle et ceux qui sont fatalistes, peut être que le réacteur Iter de Cadarache a eu un accident, heureusement quand tout le monde bascule en même temps de l'autre coté, c'est comme si rien n'avait changé... Cela n'a pas tant d'importance, ce qui compte c'est que Corentin et Ivre de joie, même si il n'y a pas de lendemain, partagent l'aube d'un jour nouveau. Au pire même en un jour, avec tant d'amour dans le coeur, rien n'est impossible.
 
Cette fiction est dédiée au jeune couple et à leur enfant qui m'ont inspirés.
Au double d'Ivre de joie meurtrie par la perte de son père.
Et à celle qui a mis sa main dans ma main et m'a aidé à trouver comment achever cette histoire, c'est à dire que dans ma réalité le point final est le point de départ d'une nouvelle ère. §:)
Avec mes remerciements à Elidée & Kero Panille pour m'avoir soutenu à leurs façons.

Happy End.

 

 

Morne. [2009]

Tu peux télécharger la version PDF de la nouvelle.
Découvrir Os Cangaceiros qui ont inspiré son titre.

 

 

 

Triple Soleil.