La porte s'est refermée, emportant avec elle l'autre univers.

Mes murs sont mes amis.

Chaque jour je leur raconte des histoires.

Mon lit est mon ami aussi, il me berce quand j'attends que le temps passe.

Chaque soir, j'ai un peu peur.

Chaque soir, la lumière ne s'éteind pas.

Je ne comprends pas d'où vient la lumière.

Il n'y a pas de source de lumière.

Je trouve cela très bizarre.

Ils disent que cela fait partie de ma maladie.
Ils disent que cela fait partie de ma maladie.

Cela me fait très peur.

Chaque soir, j'ajoute quelques cachets sous mon oreiller.

La nuit.
Je me sers des cachets comme de craies
et je dessine les histoires du jour sur les murs.

Au matin.
Je prends mon oreiller, je m'assois dans un angle pour raconter mes histoires.

Autrefois, j'avais le droit d'aller dans les couloirs, de participer aux jeux.
Au scrabble, cela me faisait tout bizarre, quand mot après mot,
je sortais une de mes histoires du sac.
Je discutais avec les médichiens, mais ils se méfiaient. Ils ne comprennaient pas ce que l'on préparait, mais ils savaient comme des chiens avant un tremblement de terre.
On devait tous se libérer.
Je devais réunir la haine l'espoir et l'amour, servir de vecteur à nos émotions,
pour projeter un faisseau qui aurait tué le dictateur.
Pour nous entrainer, on organisait des tournois de cartes, et des parties d'échec.
Ce n'étais que des supports chacun s'aguerrissait à forger ses émotions.
Il y avait aussi une salle, avec un anneau et une cigarette sur un panneau, affiché sur sa porte. Chaque fois que je brûlais une cigarette, cela passait du temps de guerre des hommes, au temps de paix des femmes. C'étais comme une sorte de jeu entre l'ordre et le chaos, auquel les dieux assistaient vautrés dans des chaises longues.

Ceux qui refusaient le jeu était séverement punis. Je me rappelle une damnée à qui j'avais expliqué mes tourments, je refusais de conduire la horde des opprimés. Je voulais être sage, je voulais sortir revoir ma fille. Elle s'est adressé par l'esprit au dieu qui nous observait. Il l'a calmée : elle a eu une crise comme si la foudre s'abbattait sur elle et elle est tombée.


Je connaissais un secret.
J'aurais bien pu tuer le dictateur cela n'aurait rien changé.

Je savais que c'étaient certains insectes les adversaires.

Nous étions des papillons et il fallait tuer certaines araignées en haut des douches. Le soir, je m'enfermais avant le tour de ronde et je grimpais tout en haut des murs des douches en m'appuyant sur le dossier d'une chaise. J'en ai tuer beaucoup, mais j'ai pas réussi à trouver celle dont la mort nous aurait libérés. D'ailleurs, un soir il y a certains des papillons qui sont venus fumer des cigarettes de vieux, des caporales, et il discutaient de choses étranges. Leurs respirations étaient comme celle des morts, ce qui rajoutait à cette impression c'est qu'ils avaient tous les personnalités de gens que j'avais connu pendant mon enfance. J'ai craqué je supportais plus. J'ai avalé le contenu d'une flasque entière de savon à la glycérine, pour pouvoir être emmené aux urgences.

Je me suis réveillé dans un lit.
Je ne me souvenais pas m'être endormi.
Par terre, il y avait des chaussures et ce n'étaient pas celles que je portais dans mes souvenirs. Une infirmière est venue. Je lui ai demandé un verre d'eau et des revues. Quand elle est partie les chercher, le puzzle c'étais assemblé, comme dans un rêve, je suis monté sur une console pour atteindre la trappe du plafond, je suis parvenu sur le toit. Le temps de la fuite. Accélération chronique des évènements jusqu'à l'instant présent où je suis libre.

Je marche dans le froid.

Je marche dans la nuit.

Je vois un grand feu.
Je m'approche et découvre un bucher.
Trois femmes brulent dans son coeur.
Deux se tordent dans les flammes, la troisième semble miraculeusement épargnée.

Un San Benito est là.

Le San Benito:
Regarde, chiot, la troisième hérétique est une sorcière très puissante.
Elle va résister jusqu'à plus de force, alors le feu la prendra d'un coup.

Il a posé sa main sur mon épaule.
A peine sa phrase s'achève que la femme en un instant se change en corps carbonisé parcouru par des soupirs de braise.
La pression de sa main s'accentue.

Mon regard à la source du mal, trouve un chien du pouvoir.

L'Instant passé je suis de nouveau prisonnier.
La meute m'a ramené dans ma cage.
Des médichiens m'ont attaché sur le lit.
Le temps de la peine.

J'ai décidé que si quelqu'un doit mourir, ce sont ceux qui me torture.

On fini par croire qu'il n'y a qu'un temps.

Pourtant, j'ai de nouveau le droit de marcher.
Chaque jour, je peux faire quelques pas.
Mes muscles redécouvrent la liberté.

Cela ne fait pas longtemps que je dessine sur les murs, mais ils sont déjà recouverts. Les médichiens qui me séquestrent ne les voient pas.
Aujourd'hui l'un d'eux vient d'ouvrir la porte et son regard ne c'est pas arrêter sur moi. Il voit autours de moi. Il me demande ce que cela signifie. Comme si il était un admirateur.


Je lui explique :
Ce sont mes histoires, c'est pour pas que les murs s'ennuient.
Il me demande de lui raconter une de mes histoires. J'hésite parce que la dernière fois que j'en ai raconté une, ils n'ont rien compris, ils se sont mis en colère, ils m'ont dit que je ne risquais pas de sortir.
[Je crois qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils ne sont qu'une histoire où bien c'est qu'ils ne veulent pas qu'on raconte d'autres histoires que celle qu'ils croient.]

J'aime bien raconter des histoires, alors je finis par lui céder.

Celle que le médichien me montre, c'est un bonhomme avec des fils et une araignée en haut, au bout des fils. Il est dans un appartement avec une petite fille face à lui.

Le pantin :
Certains humains ont des araignées en haut d'eux, qui ont des sortes de fils fait avec des pensées et qu'elles utilisent pour faire parler et bouger les humains, comme si ils étaient vivants. Mais ce ne sont que des corps humains...

La petite fille :
Papa, ça fait peur ton histoire...
C'est comme si je te disais, que en réalité dans le ventre des mamans, les petits enfants ne sont que des extensions mémoires, comme celles des ordinateurs, et tant qu'ils sont dans leurs ventres, ils n'ont pas de conscience. Quand ils naissent c'est comme une division cellulaire avec la conscience. Ben moi, ça c'est pas passer pareil, ça n'a pas marché et maintenant, ma maman, elle a une conscience pour deux corps. Tu comprends papa ?
Ca me fait peur comme ça.

Le papa pantin était très peiné, il s'était pas rendu compte.
Alors je l'ai aidé, je lui ai dessiné un chat marionnette.
Et le chat a expliqué à la petite fille qu'il y a effectivement des gens qui sont controllés par des araignés et que c'est peut-être pour faire un étrange spectacle ou une dangereuse machination... Mais qu'en tout cas, il y a des chats comme lui, qui luttent contre elles.
Il lui demande de rejoindre leurs rangs.

La petite fille :
Tu sais si j'ai un chat... ?

Le chat explique :
Tout le monde a un chat, mais tout le monde ne le sait pas.
Il y a des gens qui l'on chez eux, et d'autres qui ne le voit que de temps en temps. Ton papa, quand il voit non pas un chat, mais son chat, il sait qu'il va lui arriver une galère, parce que chaque fois son chat se montre pour le prévenir.

La petite fille :
Il s'appelle chaussette... mon chat, parce qu'il a le bout des pattes blanches.
Tu le connais ?

Le chat répond :
Evidement, même que pour nous, son nom secret c'est grôle, mais chut ! Il ne faut pas le dire car si une araigné entendait. Tu devines ce qu'il se passerait.

Certaines araignées sont nos alliés, à force de manipuler les humains quelques unes ont fini par les apprécier et elles nous aident secretement.

Que pensez vous de ces histoires ?

C'est dingue, j'allais vous poser cette question.

Vous serriez sans doute curieux de savoir ce que nous pensons de vous ?

...

Vous n'êtes pas un papillon.
Vous êtes une larve, qui ne pouvant voler de ses propres ailes,
c'est mise à se nourrir de toutes les créatures dont elle croisait le chemin.
Le mimétisme a si bien fonctionné que vous ne vous êtes pas arrêter à leurs personnalités, vous avez également synthétisé leurs univers, leurs réalités subjectives. En définitive vous pourriez très bien être en train de vous parler, car la barrière que vous croyez être celle de l'inconscient et du conscient au delà de cette forme est celle de l'extérieur et de l'intérieur. Je ne suis peut-être qu'une pensée dans votre tête, et vous êtes en train de me dessiner sur un de ces murs pour qu'un jour vous vous souveniez. Vous oublierez que ce sont vos paroles et vous croirez être en pleine conversation avec un médichien.
Même dans le cas où je serais réel, certains tests que nous avons effectués montrent que vous pourriez très bien me transformer en simple pensée.
C'est pourquoi nous vous gardons en isolement.
Cela ferait longtemps que nous vous aurions tuer, si nous pouvions avoir la certitude que les conséquences de votre disparition n'entraineraient pas notre fin. Au lieu de cela nous préférons vous maintenir dans l'illusion...
Pour synthétiser mon propos,
comme nous sommes vos pensées, ce n'est pas nous qui vous illusionnons, c'est vous qui faite le choix de vous illusionner .

J'ai le J.A.D (Journal d'un Drogué aux Anamorphes) dans mes mains, sur sa couverture on voit un enfant qui marche sur la périphérie d'un tourniquet, jusqu'au jour où j'ai réalisé cette expérience, je croyais que dans un sens comme dans l'autre il n'avançait pas.

Je relie ces jours qui s'envolent pour me faire un plancher de souvenirs.

Toutes ces histoires étaient vraies.

Je ne suis qu'un fantôme.

Les Anamorphes sont des vers à facettes multiples, une forme de drogue psychique une combinaison de pensées, un code, exampt de dépendance mais dont le développement est exponentiel, un drogué aux Anamorphes produit de plus en plus d'Anamorphes, ses pensées finissent par toutes devenir des Anamorphes, jusqu'à ce que le noyau moïque soit entièrement dévoré.

Je ne suis qu'un fantôme. [+]

Division Cellulaire est une organisation de terroristes psychiques, qui en 2017, a créé une faille pour détruire la barrière inconscient/conscient.
Ces apprentis sorciers n'avaient pas voulu accepter que dans le fond cela correspondait à l'intérieur/extérieur, micro/macro. La synthèse n'a pas eu lieu, la synthèse a eu lieu. La réunion des antagonismes, le vortex, coil, court circuit, existe. Division Cellulaire.

Prenez un enfant sur une balançoire, si vous le faite passer d'un extrème à l'autre de plus en plus vite, quand il arrive au point où il est aux deux extrèmes en même temps, même la balançoire la plus solide finie par casser...

Perdre la raison.

Trouver un sens au jeu.

Les deux extrèmes se superposent, ne deviennent plus qu'un.
Dès lors, l'enfant monde peut se mouvoir et rester immobile, il se dédouble, il se démultiplie, division cellulaire.

Vous pressentez sans doute ce qu'est une faille ?

La réaction en chaine brise la coquille.

Conclusion, comme une respiration, le cri de la naissance et de la mort forment l'harmonie.

Couleurs, couleurs.

 

Morne. [Septembre 2003].