Le fils de l'os parle
Je frappe
comme un sourd à la porte des morts
Je
frappe de la tête qui gicle rouge
On
me sort en bagarre on m'emmène
Au
commissariat
Rafraîchissement
du passage à tabac
Les
vaches
Ce
n'est pas moi pourtant
Qui
ai commencé
A
la porte des morts que je voulais forcer
Si
je suis défoncé saignant stupide et blême
Et
rouge par traînées
C'est
que je n'ai jamais voulu que l'on m'emmène
Loin
des portes de la mort où je frappais
De
la tête et des pieds et de l'âme et du vide
Qui
m'appartiennent et qui sont moi
Mourez-moi
ou je meurs tuez-moi ou je tue
Et
songez bien qu'en cessant d'exister je vous suicide
Je
frappe de la tête en sang contre le ciel en creux
Au
point de me trouver debout mais à l'envers
Devant
les portes de la mort
Devant
les portes de la mer
Devant
le rire des morts
Devant
le rire des mers
Secoué
dispersé par le grand rire amer
Épars
au delà de la porte des morts
Disparue
Mais
je crie et mon cri me vaut tant de coups sourds
Qu'assommé
crâne en feu tombé je beugle et mords
Et
dans l'effondrement des sous-sols des racines
Tout
au fond des entrailles de la terre et du ventre
Je
me dresse à l'envers le sang solidifié
Et
les nerfs tricoteurs crispés jusqu'à la transe
Piétinez
piétinez ce corps qui se refuse
A
vivre au contact des morts
Que
vous êtes pourris vivants cerveaux d'ordures
Regardez-moi
je monte au-dessous des tombeaux
Jusqu'au
sommet central de l'intérieur de tout
Et
je ris du grand rire en trou noir de la mort
Au
tonnerre du rire de la rage des morts
Roger Gilbert-Lecomte.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .